"Je vais te conter une histoire. C'est celle de la Belle et la Bête, mais dans cette histoire... La Belle est aussi une Bête~"

- Je suis désolée, mais votre fille a été mordu par un loup garou...

Cette phrase, ces mots, ont été suffisant pour briser tout mes espoirs de jeune fille, pas d'un seul coup évidement. Je n'avais que 6 ans et la honte me rongeait le coeur au point que je faisais semblant de dormir quand le docteur est venu parler à mes parents. A vrai dire, ce n'était pas bien difficile à faire, j'étais littéralement morte de fatigue et un feu liquide dans mes veines m'empêchait de sombrer dans les bras de Morphée. Mes parents étaient dévastés, mais je savais qu'ils ne pleuraient pas. Ils voulaient rester forts pour moi, mais au fond, ils devaient bien étouffer de culpabilité. A ce moment-là, je ne le savais pas encore, mais si on s'en était pris à moi, c'était uniquement parce qu'ils avaient fait l'erreur de braver quelqu'un de puissant et disposant de grands pouvoirs. Alors je me taisais, consciente que, si je n'avais pas accepté de suivre ce monsieur, jamais je n'aurais fini coursée par un monstre énorme dans une forêt. Combien de fois m'avait-on dit de ne pas parler aux inconnus aussi? 6 ans d'éducation et de protection foutus en l'air en une après-midi et soirée.

A ce moment-là, mes parents ont bien vite changé d'attitude envers moi. Maman quitta son travail pour se consacrer entièrement à moi, renvoyant le sorcier qu'ils avaient engagé pour m'apprendre à controler la magie, quant à Papa, membre du Département de Controle et de Régulation des Créatures Magiques, il m'offrait des "souvenirs" de son travail. Manuel de soins aux créatures magiques, "Comment s'occuper de son dragon et l'identifier?", "Dresser un Oiseau-Tonnerre en 150 leçons", plumes exotiques, photos et j'en passe. Autant le dire, j'étais gatée, et pour moi, c'était l'essentiel! Certes, il y avait bien ces nuits de pleine lune pénible que je devais passer dehors, enchainée pour ne pas blesser d'humains, mais entre ça et l'attention familiale... Et bien je considérais ça comme un mal pour un bien! Surtout quand j'ai pu voir mon tout premier oiseau-tonnerre en chair et en os, un rêve devenu réalité pour moi!

"On dirait bien que vous avez là une future Dragonneau!" disait notre entourage à chaque fois que l'on organisait un repas de famille. Mais quand bien même leur compliment était plaisant, je voyais la lueur de crainte dans leurs yeux posés sur moi. Mes parents m'avaient inscrite sur le registre des loup garous, rendant publique ma condition.


A mes 11 ans, il a fallu que je fasse quelque chose que je n'avais alors pas prévu. Quitter le nid. Bien sûr, il fallait que je grandisse, que j'apprenne ailleurs. Je ne faisais plus voler d'objets sous la colère et je savais comment me gérer avant mes transformations, le corps enseignant avait même assuré qu'il était avec moi, et que je n'étais pas la première enfant loup garou à avoir intégré les classes de Poudlard. Cela me terrifiait pourtant malgré tout, comme si je n'aurais jamais ma place là-bas. Mes parents avaient tout de même réussi à me rassurer en allant voir Ollivander pour m'acheter une baguette avant la rentrée. L'oiseau-tonnerre est mon animal favori, et justement, dans ma baguette, il y en a une! Pour moi, c'était un signe, un très bon signe, et mes parents étaient contents de me voir penser ainsi.

Personne ne vint dans ma cabine dans le Poudlard Express. Etrange, je n'avais pourtant rien dit ni fait quoi que ce soit de mal en entrant dans le wagon... En me voyant seule, la dame aux bonbons vint me tenir compagnie, ce qui me décoinça un peu. Je n'étais donc pas une pestiférée! Elle me parla longtemps de Poudlard, m'apprenant par la suite qu'il y avait un calmar géant. A cette remarque, je lui achetai tout les toasts qu'elle avait avant de la laisser partir, m'occupant de mon Focifère, ma première créature magique et animal messager à Poudlard, sur la fin du trajet.

Normalement, c'était une créature protégée, je n'avais pas le droit d'en avoir un, mais mon père savait comment faire pour avoir des autorisations, et plusieurs adultes m'avaient déjà vu à l'essai avec ces petites bêtes. J'étais donc contente d'être entourée de mes amis à plumes et à poils, et confiante pour cette première année.

Personne ne voulut de moi dans une des barques menant à l'école. Hagrid, un homme gigantesque à grosse barbe, avait pourtant dit qu'il fallait être 5 ou 6 dans les canots. Le sentiment de doute sur ma venue dans cette école revint à la charge durant le trajet, impression qui disparut en même temps que les toasts happés par les tentacules du calmar géant.